Rita Karasartova après sa libération, le 18 septembre 2025. Image tirée d’une vidéo de « Tandyr Media »
Le tribunal du district de Sverdlovsk à Bichkek a condamné la militante des droits humains Rita Karasartova à cinq ans de prison avec sursis et à une amende de 50 000 soms (485 euros environ). L’information a été rapportée par Tandy Media.
La décision a été annoncée le 18 septembre. Le tribunal a reconnu Karasartova coupable d’incitation à l’émeute et à la prise de pouvoir par la force, en vertu des articles 278 et 327 du Code pénal du Kirghizistan. Le procureur avait précédemment requis dix ans d’emprisonnement pour Karasartova.
Pendant toute la durée de sa probation, Karassartova sera placée sous la surveillance des forces de l’ordre.
▪️ La surveillance probatoire est une alternative à l’incarcération et consiste en un contrôle régulier par les autorités de probation. Les condamnés sont tenus de se présenter périodiquement à un organisme spécialisé, ne peuvent pas changer de lieu de résidence sans en informer les autorités et doivent respecter les restrictions imposées par le tribunal. Le non-respect des règles de probation peut entraîner le remplacement de la peine par une peine de prison ferme.
L’avocat de Karasartova, Janych Barakov, a déclaré que la défense était en désaccord avec le verdict rendu et avait l’intention de faire appel. Selon lui, le tribunal a reconnu la défenseuse des droits humains coupable d’incitations à l’émeutes et d’appels à la prise de pouvoir par la force, mais toutes les requêtes de la défense, y compris la convocation d’experts ayant préparé des conclusions linguistiques et psychologiques, ont été rejetées.
Me Barakov a dénoncé la faiblesse des éléments à charge, soulignant que le dossier ne contenait que des captures d’écran des commentaires de sa cliente. « Il n’y a là ni appels à l’émeute, ni appels à la prise violente du pouvoir. En tant que défenseuse des droits humains, elle a simplement publié une lettre de Tilekmat Kourenov à sa famille », a déclaré l’avocat.
Il a également souligné qu’il n’y avait aucune preuve dans le dossier pénal d’un lien entre Karasartova et Kourenov. Selon Barakov, le militant n’a pas été convoqué au tribunal, son nom ne figure pas sur la liste des témoins et il n’a pas été interrogé. « La seule chose qui le relie à Rita est la lettre publiée sur sa page Facebook », a déclaré l’avocat.
▶️ Karasartova était en détention depuis avril 2025 après avoir été arrêtée à Bichkek. L’affaire contre elle a été jugée à huis clos, car les documents étaient classés secrets. Trois autres personnes sont également poursuivies dans cette affaire, mais leurs noms n’ont pas été divulgués.
Karassartova a d’abord lié son arrestation à la publication sur les réseaux sociaux d’une lettre de l’activiste Tilekmat Kourenov, mais elle a ensuite précisé que son nom ne figurait pas dans les documents d’enquête. Dans une lettre envoyée en juillet depuis la maison d’arrêt, elle a déclaré que les poursuites pénales étaient liées à ses opinions politiques.
Plusieurs organisations internationales et locales de défense des droits humains ont critiqué l’arrestation de Karasartova, exigeant que les charges retenues contre elle soient abandonnées et qu’elle soit libérée.
Kourenov a également été arrêté en avril dernier, après avoir été extradé à Bichkek depuis les Émirats arabes unis. Selon les informations du Comité d’État pour la sécurité nationale du Kirghizistan (GKNB), Kourenov, alors qu’il se trouvait hors de la république, publiait régulièrement sur les réseaux sociaux des messages provocateurs et des vidéos appelant à organiser des émeutes suivies d’une tentative de prise de pouvoir par la force.
ℹ️ Rita Karasartova est connue pour son action en faveur de la défense des droits des femmes et de la lutte contre la corruption. Elle faisait partie des personnes impliquées dans l’affaire dite « de Kempir-Abad », qui s’étaient opposées au transfert à l’Ouzbékistan du réservoir de Kempir-Abad (Andijan). La plupart d’entre eux ont été arrêtés le 23 octobre 2022. Les accusés ont été inculpés de « préparation à l’organisation d’émeutes ». En avril 2024, le tribunal a acquitté tous les accusés dans cette affaire.



