Le président du Conseil des droits humains de la Fédération de Russie à propos des migrants : « Quand quelqu’un étend un tapis de prière dans le métro, c’est fort étrange. »

Valeri Fadeïev. Photo tirée du site grazhdaninyeksamen.rf

Le chef du Conseil présidentiel russe pour les droits humains et la société civile (CPDH), Valeri Fadeïev, s’est dit préoccupé par le fait que les travailleurs migrants en Russie forment des « enclaves ethniques » et que le comportement de certains d’entre eux provoque des tensions sociales. Ce sujet a été abordé le 2 octobre à Tachkent lors d’une table ronde sur l’amélioration de la politique migratoire dans le contexte de la création d’un marché du travail unique dans la CEI, rapporte la chaîne Telegram du CPDH.

M. Fadeïev a expliqué que, souvent, les « enclaves ethniques » ne sont pas peuplées par des représentants de l’intelligentsia de Tachkent, mais par ceux qui mènent « un mode de vie de villages reculés ».

« C’est là que naissent les tensions sociales. C’est une question de culture, de langue, d’interaction. Quand une personne étend un tapis de prière dans le métro ou qu’un chauffeur de minibus commence à faire sa prière, c’est fort étrange », a déclaré le président du Conseil.

Il a ajouté qu’il n’était pas contre la prière, mais, comme l’a découvert M. Fadeïev après avoir consulté les chefs spirituels de l’islam, la prière dans les lieux publics ne correspond ni à l’esprit du temps, ni aux commandements du Prophète.

Dans son discours, haut fonctionnaire a attiré l’attention sur un autre problème grave. Selon lui, plusieurs centaines de milliers d’enfants de migrants vivant en Russie ne sont pas scolarisés. M. Fadeïev a qualifié cette situation d’« inacceptable », car les Constitutions russe et ouzbèke stipulent clairement que tous les citoyens doivent recevoir une éducation secondaire générale.

« Il faut réfléchir à des mécanismes pour leur enseigner le russe dans leur pays d’origine ou, dans des cas exceptionnels, en Russie », a proposé le chef du Conseil des droits de l’homme.

Le président du Conseil des droits de l’homme a souligné que la migration de main-d’œuvre est nécessaire aux deux pays. Selon les statistiques qu’il a présentées, environ 2 millions d’Ouzbeks travaillent aujourd’hui en Russie. L’année dernière, ils ont transféré l’équivalent de près de 10 millions d’euros, ce qui représente 9 % du produit intérieur brut de la république d’Asie centrale. En Fédération de Russie, les immigrés sont impliqués dans des activités sur des marchés très divers, ils créent des produits à valeur ajoutée et contribuent ainsi à l’économie.

Les représentants de la partie ouzbèke ont avancé un autre chiffre. Comme l’a déclaré lors de la table ronde le directeur de l’Agence pour les migrations, Bekhzod Musaïev, environ 1,3 million de citoyens de la république travaillent en Russie. Mais ces données sont volatiles, car elles dépendent de la saison et des besoins. Naturellement, le nombre de migrants diminue pendant la période hivernale, a précisé le fonctionnaire.

On observe une forte demande de main-d’œuvre en provenance d’Ouzbékistan. Cette année, les entreprises russes ont déposé des demandes d’embauche pour plus de 150 000 travailleurs étrangers, dont plus de 100 000 ont été envoyés en Russie dans le cadre d’un programme organisé. Les migrants sont employés non seulement dans la construction et le secteur du logement et des services communaux, mais aussi dans de grandes entreprises, de Gazprom et Lukoil à KamAZ et AvtoVAZ.