Le directeur de l’Agence pharmaceutique d’Ouzbékistan fait état d’une importante corruption liée à l’importation de médicaments

Abdullah Azizov. Photo du site kun.uz

Le directeur de l’Agence pour le développement de l’industrie pharmaceutique d’Ouzbékistan, Abdullah Azizov, a déclaré qu’environ 65 % des médicaments importés de l’étranger sont produits exclusivement pour le pays. Cela témoignerait de l’existence d’un « mécanisme de corruption très important » lié à l’importation de médicaments, selon l’avis du chef de l’agence rapporté par le site Daryo.uz.

M. Azizov a cité des statistiques selon lesquelles sur les 7 599 médicaments étrangers importés en Ouzbékistan, 4 971 sont produits exclusivement pour la république, c’est-à-dire que ces médicaments ne sont vendus nulle part ailleurs.

« C’est un facteur extrêmement négatif, car ces médicaments devraient également pouvoir être commercialisés dans d’autres pays, par exemple au Kazakhstan. Lorsque nous avons informé nos collègues turcs de cette situation, ils ont été choqués. À titre de comparaison, en Turquie, ce chiffre est inférieur à 2 %, alors qu’il est de 65 % chez nous. On peut en déduire qu’un mécanisme de corruption très important lié aux médicaments s’est développé en Ouzbékistan », a conclu le directeur de l’Agence pharmaceutique.

Il a souligné que la majeure partie des médicaments importés dans le pays provient d’Inde, qui fournit environ 2 500 références différentes au marché ouzbek. De plus, une grande partie de la gamme est spécialement produite pour être commercialisée dans la république d’Asie centrale.

Poursuivant son argumentation, M. Azizov affirme que le mécanisme de corruption s’est largement développé. Les distributeurs ou les vendeurs de médicaments incitent les médecins, par le biais de paiements supplémentaires et d’autres méthodes, à prescrire les « bons » médicaments. Selon le fonctionnaire, cette situation s’est développée et perdure dans le système de santé depuis 20 ans.

« Notre priorité actuelle est de réduire considérablement le nombre de médicaments “exclusifs à la république” et de garantir l’importation de médicaments de qualité », a résumé le chef de l’agence.

Parallèlement, il est nécessaire de fixer des prix de référence pour les médicaments, c’est-à-dire un coût indicatif établi sur la base d’une analyse du marché. Si l’on supprime la « marge » du médecin, les distributeurs ne pourront plus inciter les docteurs à prescrire certains médicaments, et l’intérêt pour cette pratique disparaîtra.

La baisse des prix de référence, dans un contexte de durcissement des règles de vente et de transparence du processus, modifie déjà la structure du marché, constate M. Azizov. Il a également évoqué les aspects positifs.

Par exemple, les fabricants de produits pharmaceutiques européens qui avaient quitté l’Ouzbékistan reviennent, car ils constatent que les réformes créent un environnement concurrentiel et encouragent l’approvisionnement du pays en médicaments de qualité. M. Azizov a également abordé la question des médicaments sur ordonnance, soulignant qu’il restait beaucoup à faire pour ajuster la liste.

Selon ses informations, il existe aujourd’hui 11 825 références (il y a quelques jours, Uzfarmkontrol a affirmé que le nombre de médicaments sur ordonnance s’élevait à 12 817 – ndlr). Comme l’a indiqué le directeur de l’Agence pharmaceutique, l’expérience d’autres pays a été étudiée et il s’avère qu’en Turquie, la liste compte 11 691 médicaments, 9 112 en Russie, alors qu’au Kazakhstan, le registre correspondant comporte deux fois moins de produits que celui de l’Ouzbékistan.